.. ou neuf ans plutôt, car c’est en 2006 que je suis venu en Mongolie pour la première fois – à moto à l’époque. J’ai beaucoup oublié depuis, mais j’ai retrouvé le pays tel que je m’en souvenais, avec quelques différences majeures toutefois.
Le passage de frontière est toujours identique, le goudron s’arrête précisément là où commence le territoire mongol. Par contre, une vingtaine de kilomètres plus loin, grosse surprise : un goudron (presque) neuf ! Pour une raison que seuls les Mongols connaissent, la nouvelle route s’arrête quelques km avant la frontière. Elle fait environ 100 km en direction de Olgii et du lac Tolboo.
Deuxième choc en arrivant à Olgii : là où je me souvenais d’une ville décrépie, où on se promenait dans l’obscurité totale dès la nuit tombée, où on avait trouvé un seul hôtel pour se loger, et guère plus de station service, nous débarquons par une avenue bordée de lampadaires. Et des stations-service flambant neuves, pas une mais au moins cinq l’une à coté de l’autre.
A Oulan-Bator il y a 9 ans on voyait déjà l’argent arriver et transformer la ville ; mais les villes de province étaient à l’écart, dans un autre monde. On voyait déjà beaucoup de 4×4 et des voitures japonaises dans la capitale, mais en province c’était principalement des jeeps et des vieilles camionnettes russes qui dominaient. Plus maintenant. En arrivant à Olggi, on ne croise plus que des Landcruisers de dernière génération, des Prius, et même.. des Hummers ! Pas de doute, c’est le signe de nouveaux riches qui ne savent pas trop comment dépenser les millions qui viennent de la vente de leurs ressources naturelles : mines de charbon et de cuivre, uranium, etc… En parlant de charbon, c’est en arrivant à une mine qu’on a trouvé la plus belle route du pays. Qui ne sert apparemment qu’aux camions qui transportent le charbon vers la Chine ! Le progrès ne profite pas à tout le monde.
Les plus petits villages ont aussi évolué : en général, le progrès commence par la pose de lampadaires, d’une station service moderne (pour remplacer la pompe actionnée manuellement) et surtout, un poste de police flambant neuf. Est-il vraiment indispensable que les flics aient un nouveau bâtiment avant les profs ?
Autre signe de modernitude : la multiplication des relais GSM, qui permettent de communiquer avec son portable dans chaque bled ou presque. Exit donc les femmes assises au bord de la route avec un téléphone portable qui faisaient office de cabine téléphonique ; tout le monde semble être connecté par portable actuellement. Par contre, pas de 3G hors des villes importantes : Facebook n’a pas encore complètement envahi la vie des Mongols. Mais en ville, comme dans beaucoup de pays en voie de développement, il est très facile de se connecter à internet avec son smartphone. Il y a 10 ans, il fallait trouver un café internet à Ulan-Bator (qui ont quasiment disparus depuis) pour lire quelques mails, ensuite on était déconnecté pendant le reste du voyage – ce qui, d’un coté, n’était pas plus mal.
Heureusement, dans la campagne la vie nomade n’a pas changé du tout. Bien sûr, on voit souvent une antenne satellite à coté de la yourte mais c’est déjà le cas depuis longtemps, et les petits postes TV ont largement plus de 10 ans. On voit un peu plus de voiture de tourisme près des yourtes et moins de jeeps russes, un signe de richesse probablement alors que la jeep est quand même plus pratique sur ce genre de routes. La moto reste comme toujours le moyen le plus économique et pratique pour se rendre en ville depuis son campement.
Un autre changement important lorsqu’on vient dans ce pays en voiture ou en moto, c’est la possibilité d’avoir des cartes sur son GPS. Si le GPS était déjà facilement disponible à l’époque, il n’y avait guère que des cartes très générales que l’on pouvait charger – les grandes axes uniquement. Il fallait naviguer surtout au cap et avec des cartes peu précises. Depuis lors, Openstreetmap à révolutionné le paysage et même si la couverture du pays y est encore très partielle, c’est à des années-lumières de ce qui était possible il y a seulement quelques années. Avec un risque, qui est celui de rester bloquer sur son écran plutôt que d’ouvrir les yeux, chercher la piste et tenter des routes impossibles – ou simplement qui restent à découvrir.
La bonne nouvelle est donc qu’il est toujours possible de traverser le pays en se plongeant dans la vie nomade, et visiblement les changements sont assez lents pour que cela reste le cas pendant de longues années. Il faut juste éviter Oulan-Bator et les grandes villes, ainsi que les centres touristiques majeurs et on pourrait presque se croire à l’époque de Genghis Khan.