250 km en ligne droite ! La plus longue ligne droite du monde selon les journalistes Saoudiens. Faut pas s’endormir ! D’autant plus qu’il faut qu’on fasse 1500 km en 2 jours pour atteindre la frontière avec Oman…
Après un bivouac bien pourri dans la banlieue de Riyad à côté d’un chameau mort (on est arrivé de nuit on ne l’avait pas vu), on se dirige vers l’Empty Quarter ce désert absolu qui constitue près d’un quart du pays. L’air est chargé de pollution, Riyad est une des villes les plus polluées du monde à cause du trafic, des vents de sable et surtout des industries.
Les bords de route sont, comme partout ailleurs, complètement massacrés par des coups de bull et des tas de gravats. Et des poubelles bien sûr ! Le long de certaines autoroutes on voit des employés (immigrés) ramasser les poubelles dans une bande de 10 m de part et d’autre des voies, un signe que les choses évoluent peut-être un petit peu… Mais ailleurs ça reste catastrophique.
On longe des dizaines de constructions abandonnées et des chantiers inachevés. Est-ce que ce sont les conséquences de la crise qui a touché le pays lorsque le prix du baril a chuté et que revenus du pétrole ont chuté ? Ou bien, c’est qu’il y a tellement de place ici qu’on ne prend pas la peine de détruire les ruines ? Pour les amateurs d’urbex (exploration urbaine des lieux abandonnés), il y a de quoi faire ! Même les mosquées sont abandonnées, c’est Allah qui va pas être content !
On longe également des exploitations agricoles désaffectées avec d’immenses asperseurs destinés à irriguer des champs circulaires abandonnés au milieu du sable. Aussi inimaginable que ça puisse l’être, ce pays désertique a été dans les années 80-90 autosuffisant en céréales et même exportateur de blé! Et ce, grâce à de l’irrigation massive, en pompant dans les nappes phréatiques une eau non renouvelable. En 1996, le pays s’est rendu compte que cette politique agricole n’était pas tenable à long terme (les nappes s’épuisaient, les sols devenaient salés et la population augmentait) et le gouvernement a décidé de changer de cap. Aujourd’hui il soutient les cultures sous serre, l’irrigation au goutte à goutte et importe la majorité des produits agricoles, sauf les dattes (enfin une culture adaptée à l’environnement) dont la production est au contraire favorisée.
Voilà un peu l’envers du décors, tout n’est pas aussi beau que les jolis endroits qu’on vous a montré en photos !
Seule consolation le long de ces routes déprimantes, c’est la bouffe ! On se régale avec les plats indiens et pakistanais (biryani, dal, chapatis tous chauds…). La grande majorité des restos sont tenus par des immigrés qui constituent presque la moitié de la population du pays (40% officiellement mais les statistiques ne sont pas fiables et ce chiffre est certainement sous-estimé). Bon y’a des progrès à faire sur la déco pour que ça devienne un peu plus cosy, mais on mange bien !