Un des sites les plus touristiques à proximité d’Almaty est Charyn Canyon. Pour les Kazakhs, c’est le petit frère du Grand Canyon du Colorado : la rivière coule au fond de profondes gorges creusées dans des roches colorées.
Nous y arrivons pour le coucher de soleil, au moment où les touristes commencent à partir. C’est dimanche soir, il y a eu beaucoup de visiteurs pendant le week-end. D’en haut, nous voyons de nombreuses voitures au fond du canyon. Laurent était déjà venu il y a une dizaine d’années et connaissait un coin de camping sympa au bord de la rivière. Nous cherchons la piste de descente mais celle-ci est barrée d’un énorme panneau de sens interdit. Bon… comme il y a plein de véhicules qui circulent, on se dit que ça doit être un panneau de principe, pour éviter que des voitures aillent se planter là-bas… Ok, on y va ! La descente est très mauvaise, on se demande si on va réussir à remonter, et surtout comment font les voitures « normales » pour passer par là. Après quelques virages au fond du canyon, la piste passe par une ouverture très étroite sous des rochers effondrés, on n’est pas trop sûr si on passe avec la galerie et son chargement. Pour passer, il faudrait pouvoir manœuvrer tranquillement, impossible ici, on est obligés de reculer pour laisser passer le promène couillons-local – un quad à remorque – puis une voiture de rangers. Ceux-ci ne nous loupent évidemment pas, ils nous arrêtent, veulent nos passeports et nous demandent de payer une « straff », c’est-à-dire une amende, de 5000 tengués. Pourquoi ???? Ben, à cause du sens interdit ! Oui, mais pourquoi nous et pas les autres ? Finalement, après nous avoir demandé 2000 tengués (ce qui doit être en réalité le bakchich demandé pour avoir le privilège de descendre en voiture), ils abandonnent, lassés par notre attitude d’ahuris qui font semblant de ne rien comprendre. Pour eux c’est l’heure de rentrer à la maison, nous on a tout le temps de discuter et on n’est pas décidé à payer quoi que ce soit.
On remonte donc péniblement par là où on est arrivés pour camper au sommet du canyon, où on se fait secouer toute la nuit par un vent à décorner les boeufs. Étonnamment – et heureusement – la tente résiste à ta tempête. Le lendemain, on descend balader à pied. En fait le coin de camping sympa repéré par Laurent a bien changé : à la place, un « Eco-parc » a été construit, d’où l’interdiction de venir en voiture. « Eco » pour écologie ? non, ce doit être plutôt économie ! Il s’agit d’un aménagement de restaus, yourtes, cabanes à louer pour passer la nuit, et du parking des quads, motos, vélos et chevaux pour balader les touristes… Rien à regretter donc, on n’aurait pas pu faire de camping sauvage. On boit un thé tranquillement, on est les seuls visiteurs : c’est lundi matin, il ne fait pas beau, la saison touristique est terminée, pas un seul « ranger » en vue, évidemment ce n’est plus la peine qu’ils viennent car il n’y a plus de touriste à racketter.
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