Nous campons au bord du lac Orog, dans une prairie qui a été fauchée, quoique cela reste encore assez artisanal et hasardeux, comme le montre le résultat en forme de patchwork. C’est assez insolite pour le pays. En effet il est très rare que les nomades fassent des stocks de fourrage, même dans les endroits où l’herbe est haute comme ici. Le bétail est sensé se débrouiller pour passer l’hiver en grattant la neige pour grignoter quelques brins d’herbe restantS, d’où la très forte mortalité lorsque l’hiver est particulièrement neigeux (ce que le Mongols appellent un zud blanc).
Le lendemain nous assistons à la fabrication du feutre, qui servira à isoler la ger (yourte) : un groupe de femmes, masquées par des cagoules pour se protéger du soleil et de la poussière, étalent la laine de mouton brute sur un drap. Puis celle-ci est arrosée d’eau et roulée autour d’une perche. Le rouleau est ensuite tiré derrière une moto pour tasser la laine. De temps en temps, on ouvre le rouleau, on mouille, on remballe, et on tasse à nouveau. Comme souvent, ce sont les femmes qui bossent, les hommes boivent l’aïrag à l’ombre de la voiture, les gamins conduisent la moto. Traditionnellement on utilisait un cheval pour rouler le feutre (c’était gratuit), mais maintenant celui-ci aussi regarde d’un air désabusé les aller-retours de la moto qui vide son réservoir.
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Je faisais des recherches sur le feutre des yourtes mongoles dans le cadre de mes études en design textile, et je suis tombée sur ta page . Je dois te dire que tes photos sont magnifiques, et ton regard très sensible 🙂