Les Mongols sont traditionnellement nomades et vivent dans une yourte (qu’on appelle ici « gir », mais on va garder le nom « yourte » pour simplifier). Cette tente est non seulement très confortable, mais aussi étonnamment facile à monter et démonter. Autrefois, le transport de la yourte se faisait à dos de chameaux, mais depuis les camions ont remplacé les quadrupèdes bosselés.
On a eu l’occasion de croiser une famille qui déplaçait sa tente, alors on s’est joint à eux pour assister à l’opération de montage (et faire semblant de donner un coup de main, bien qu’ils en aient pas besoin).
Tout d’abord, le choix du terrain : cette partie nous échappe un peu, on a l’impression qu’ils sont déplacé leur yourte de 500 mètres. Quoi qu’il en soit, une fois l’emplacement choisi, on rapproche le camion et on commence à décharger les pièces.
On reconnait la porte, les parois en caillebotis et le tonoo, la pièce en forme de roue qui servira d’ouverture centrale, mais aussi et surtout qui soutiendra les perches qui forment le toit.
La toute première pièce du puzzle à poser est la porte : elle détermine l’exposition de la yourte. Ensuite, les caillebotis qui donneront la rigidité aux parois (hmmm… à la paroi, il y en a qu’une, circulaire, mais la circonférence dépend du nombre de murs / caillebotis qui sont utilisés) sont posés et attachés entre eux et à la porte pour former une structure à peu près circulaire (elle sera ajustée parfaitement plus tard grâce aux perches).
Pendant ce temps, Cécile aide à décharger les perches.
Mais avant tout, il faut placer la couronne, la clef de voûte qui va les soutenir et offrir une ouverture afin d’évacuer la fumée du foyer et amener un un peu de lumière.
La couronne est soutenue par deux piliers qui sont attachés par des cordelettes.
Finalement, on dresse la couronne et on la place à son emplacement définitif, au centre, face à la porte.On peut ensuite poser les perches entre les parois et la couronne. Elles sont simplement insérées dans les trous prévus pour dans la couronne, et attachées avec une ficelle aux murs. Lorsque la paroi extérieure sera sanglée, elles seront solidement fixées.
La longueur des perches donnera une forme circulaire à l’extérieur. On donne un coup de main, mais je soupçonne le patron de discrètement vérifier notre boulot après pour ne pas recevoir leur plafond sur la tête dans quelques heures…Il faut encore bien aligner les piliers avec la porte et faire quelques réglages, après ce sera trop tard.
Voilà, ça commence à ressembler à quelque chose. Prochaine opération, couvrir le toit. On commence par une simple toile de coton.
Puis vient la première couche de feutre épais pour l’isolation.
Ensuite c’est le tour des parois, encore du feutre mais agrémenté d’un patchwork de vieux t-shirts et pantalons. Ce n’est pas pour la décor, tout cela sera caché. Plutôt pour aider à la manipulation du feutre.
Comme les hivers sont rigoureux, et les étés chauds, on ajoute une deuxième couche de feutre sur le toit.
Seule (ou presque) concession à la modernité, on insère maintenant un plastique pour contrer l’humidité.
C’est presque fini, il faut encore ajouter une bâche en coton épais qui protègera le feutre des intempéries (toujours en gardant l’ouverture au centre du toit). En effet, le coton mouillé devient imperméable.
Enfin, la dernière couche, qui lui donnera son bel aspect blanc éclatant, une toile en coton fin.
Un gamin monte sur le toit pour ajuster la toile, c’est la preuve que c’est du solide ! (on respire).
Une partie de la toile est mobile, elle permet de couvrir l’ouverture du toit quand il pleut.
Dernière opération de gros-oeuvre, on sangle le tout de trois rangs de corde pour rigidifier la structure et empêcher la toile de s’envoler.
Pendant ce temps, les nanas s’ennuient alors elles décident d’appeler leurs copines grâce au réseau GSM qu’elle captent avec une antenne râteau (on est à proximité d’un bled, ça passe pas partout).
Maintenant que le bâtiment est hors d’eau, on peut passer à l’aménagement intérieur.
On commence par la pièce centrale et la plus importante : le poêle.
Non seulement ça chauffe la yourte (-30, -40 en hiver quand même), mais en plus il faut faire à manger. On installe la cuisine… aïe, fallait peut-être la poser avant les murs ?
Non, ça passe en souplesse.
L’hospitalité mongole étant ce qu’elle est, impossible de partir avant qu’on ait mangé quelque chose (des nouilles avec du mouton).
Un peu de déco intérieure pour cacher la structure en caillebotis.
Et voilà, il reste encore à installer le mobilier (les deux lits et le commodes).
Un petit selfie avec les touristes qui comprennent rien à ce qu’on leur dit…
.. et on peut manger (y compris le biberon pour l’agneau qui vient de naître et dont la maman est morte).
En accéléré, ça donne à peu près ça :
Cool! Continuez bien votre voyage et merci de le partager!
Jean-Marc