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Le coup de la panne

 
20150808-1Reposés, chargés à bloc en fruits et légumes, nous quittons la Russie après avoir fait le plein de 200 litres, le gasoil étant très bon marché ici (0,5€/l) ; nous repassons la frontière vers la Mongolie facilement car maintenant les douaniers nous connaissent, et à part quelques voitures du Mongol Rallye, il y a très peu de monde.

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Diagnostic par téléphone

Quelques kilomètres après la frontière, dans un petit col à 2500 m, la voiture commence à toussoter et à fumer blanc, aïe, aïe aïe… Nous arrivons tant bien que mal à Olgii, environ 80 km après la frontière mongole. C’est une petite ville, nous y sommes déjà passés et savons qu’il n’y a pas grand-chose comme atelier de réparation sérieux. Nous nous arrêtons à la guest-house que nous connaissons et où la patronne parle anglais pour lui demander une adresse sérieuse. Elle n’est pas là, partie en Chine, mais nous rencontrons un chauffeur sympa, Tulga, qui accompagne un groupe de touristes et qui parle 3 mots d’anglais. Il tombe amoureux de notre voiture qu’il voudrait nous acheter (« gooood car ») et tient absolument à nous aider. Il appelle son frère qui habite à l’autre bout du pays et lui décrit la panne par téléphone en lui faisant écouter le bruit des ratés du moteur. Ce doit être les injecteurs… Mouais, on lui demande plutôt des adresses de professionnels.

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Regardez mais ne touchez à rien les gars…

 
Nous voilà partis faire le tour des garages de la ville, en commençant par les plus pourris : 2 gars couverts d’huile travaillent dans la poussière d’une cour… heu, bon, ce n’est pas là qu’on va avoir de l’aide…  Finalement on lui donne l’adresse d’un garage correct, un vrai atelier avec une dalle en béton, (à peu près) propre, des lifts, wouaou, un lieu inespéré dans cette ville. Mais bon, c’est trop tard, il faudra revenir demain.
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Bivouac en arrière de la station

En attendant notre ami veut absolument vérifier le calage de la distribution (quel rapport ? mais il est très sympa et veut aider, alors difficile de le repousser), commence à démonter le carter, mais la nuit tombe, heureusement. On décide de bivouaquer dans la rue, derrière une pompe à essence, à l’extérieur de la guest-house : on ne demande pas à y rester, car la dernière fois la patronne nous a pris pour des Américains en nous faisant payer assez cher pour dormir dans la voiture dans la cour, prendre une douche (froide) et faire le plein d’eau. De toute façon il n’y a aucun trafic la nuit, c’est calme, ce ne sera pas notre plus beau bivouac mais tant pis.
 
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En pool position pour rentrer dans le garage

Le lendemain à l’aube nous sommes réveillés par Tulga, impatient d’examiner encore le moteur de cette « gooood car ». Laurent avait posté la veille une question sur un forum il vérifie les réponses : cela ressemble à un problème de vanne EGR… sauf que notre voiture n’a pas de vanne EGR. Puis nous partons vers le garage, mais c’est trop tôt, encore fermé. Une file de voiture attend néanmoins déjà devant la boutique. Nous rencontrons un guide kazakh, Nurlan, qui parle bien anglais, et qui nous confirme que le service est sérieux et rapide, d’où l’affluence, cela nous rassure un peu. Plus tard, ça s’agite, le portail s’ouvre et 5 voitures se ruent à l’intérieur pour prendre les places sur les lifts. Avec l’aide de Tulga, nous arrivons à attraper le boss et à lui expliquer le problème mais cela n’a pas l’air de trop l’intéresser, il bosse sur une autre voiture et va de temps en temps jeter un œil aux ouvriers qui travaillent sur les autres. Naïvement, nous attendons notre tour… qui ne vient pas vraiment… Heureusement Nurlan vient nous expliquer la marche à suivre : il faut se jeter dans le garage dès qu’une place se libère. Premier arrivé, premier servi ! C’est comme ça que cela se passe, ici comme ailleurs, au guichet de la douane, aux caisses du supermarché. C’est comme un jeu, celui qui arrive à passer devant tout le monde a gagné, les autres le prennent bien à la différence de chez nous, personne ne s’offusque ni ne se bagarre. Bon, OK on fait comme ça : dès que la prochaine voiture sort, Laurent se jette et rentre notre Land Cruiser dans l’atelier. Encore un peu d’attente et le boss s’occupe enfin de nous. Il fait un essai de moteur : notre Land fume énormément et tout l’atelier est noyé d’une épaisse fumée blanche ; cela ne dérange personne (même pas les autres clients avec leurs bébés). Attroupement autour du capot : ici tout le monde participe, pas comme chez nous où les clients ne sont pas autorisés à rester dans l’atelier.

On commence par changer le filtre à gasoil. Nouvel essai : l’atelier est à nouveau complètement enfumé, ce n’était donc pas un problème de filtre – par contre les poumons des mécanos ont perdu 2 ans d’espérance de vie. Vient alors une autre hypothèse, qui nous rassure parce que c’est la plus simple et la plus évidente : le problème peut venir d’un gasoil de mauvaise qualité. Il faut donc enlever les plaques de protection et vidanger le réservoir (qui est à moitié plein…). Mais il n’y a pas de récipient pour vidanger dans le garage. Avant que je parte au marché acheter une bassine en plastique, Nurlan nous demande s’il peut prendre le gasoil qui va être vidangé : bien entendu… s’il est réellement daubé. Il part en flèche chercher un récipient, on vidange et il repart heureux avec 35 litres de gasoil avant que l’on sache s’il est réellement daubé – lui en tous cas ne semble pas trop s’en préoccuper. Entretemps arrive la pause déjeuner, les portes ferment et nous allons picniquer sur le parking. Finalement, 1 heure plus tard, ça s’agite : il manque un joint pour refermer le réservoir et le patron est absent. Lorsqu’il revient enfin de sa pause, il trouve un joint et emmène Laurent chercher du diesel dans une bonne station servie. Il passe d’abord chez lui chercher un bidon (il habite une des plus belles maisons du quartier), mais il a oublié les clés, revient au garage les chercher, repart, entre dans la station à fond de cale en klaxonnant, revient au garage (il est un peu speed…) et nous voilà prêts pour une nouvelle tentative. Cette fois, le patron a eu pitié de ses mécanos, il fait tourner le moteur à l’EXTERIEUR du garage. La fumée blanche envahie la cour mais peu à peu elle devient moins épaisse, il sourit triomphalement, le problème est réglé ! Il part faire un essai sur la route avec Laurent, effectivement ça va mieux. On s’est fait avoir par les russes sur ce coup, 200 litres de gasoil à jeter, pfff… Enfin, ce n’est pas perdu pour tout le monde, Nurlan va le récupérer pour faire (semble-t-il) tourner son groupe électrogène qui est moins délicat que le moteur du LandCruiser. Ou peut-être le revendre à un chauffeur de Kamaz moins délicat…
Vient le moment de la douloureuse : le patron nous a vu heureux et soulagés et nous demande 100$. Cela aura pris la journée entière mais en temps effectif de travail… une heure ou 2 tout au plus. Le prix passe rapidement à 75$, et finalement on lui laisse 50€ ce qui est bien payé (l’heure doit être à 10€ et le filtre à GO pas très cher), et on part chez Nurlan boire le thé pendant qu’il siphonne à grandes gorgées les 100 litres qui traînent encore dans le réservoir supplémentaire. C’est son jour de chance !
Enfoirés de Ruskofs ! Mais au total, on est rassurés, la voiture va bien, plus de peur que de mal, sauf un peu au portefeuille, on va pouvoir continuer tranquille.
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