Après le spectacle magique du décollage de la fusée, on remonte la vallée de la Syr-Daria jusqu’à Shimkent, une grande ville avant la frontière kirghize. Des champs de riz bordent la route. C’est une culture très consommatrice d’eau mais qui rapporte beaucoup. Le Kazakhstan persiste donc à produire du riz malgré les problèmes d’assèchement de la mer d’Aral en aval, en affirmant que les autres pays (en particulier l’Ouzbékistan avec les cultures de coton) font pire qu’eux.
La très longue traversée des steppes kazakhs sous une chaleur torride nous a épuisé. On s’accorde une pause bien méritée dans un hôtel chic : clim, piscine, sauna, salle de sport (malgré nos bonnes intentions, on utilisera surtout la piscine !), tout ça dans un décor kitschissime style soviético-turc. On apprécie le confort en s’asseyant temporairement sur nos valeurs écolos.
On arrive enfin au bout de la steppe, on voit le début des collines qui marquent la frontière avec le Kirghizstan. Le passage de la frontière se fait très rapidement, on ne nous demande même pas d’ouvrir la voiture. Il faut dire que le Kazakhstan et le Kirghizstan sont en bon terme et partagent une union économique, donc pas de passage en douane, uniquement un tampon dans le passeport. On arrive ensuite au barrage de Kirov, orné d’un buste géant de Lénine. C’est un de ces barrages, comme de nombreux autre au Kirghizstan et au Tadjikistan, qui servent à l’irrigation et à la production d’électricité, privant ainsi d’eau les pays situés en aval.
On a le projet de rejoindre la route d’Osh par un raccourci dans la montagne : le col de Terek, via les lacs de Besh Tash. Ces derniers sont magnifiques, quoiqu’un peu trop froids pour se baigner. On partage un bon moment avec des kirghizes venus se rafraichir en montagne.
La montée vers le col de Terek est assez facile et la vue est splendide. La piste de descente est encombrée de gros cailloux qu’on dégage facilement et parait très peu utilisée. On s’arrête à un campement où les locaux nous disent que oui, ça continue jusqu’à Toktogul. Hum… on sait qu’il y a quelques années ça passait sans problème et que des motards sont passés encore récemment mais la végétation a complètement envahi les traces et il est évident que plus personne ne passe par là. On insiste mais, à 6 km du but (le premier village), on bute sur un mauvais passage de gué. Ça passe plus. Il ne reste plus qu’à faire demi-tour ! Dépités et lassés, on décide de camper ici, et on verra bien demain, en espérant qu’on arrive à remonter les passages boueux de la piste abandonnée qu’on avait descendus la veille. Ici on ne pourra compter sur personne pour venir nous déplanter.
Le lendemain, frais et dispo, on arrive à remonter sans problème. Du coup, on prend la route qui fait le tour de l’ouest du pays. C’est une piste qui passe dans des régions très peu habitées, franchit 2 cols au milieu des exploitations minières. Les paysages sont assez beaux mais la route est très longue et nous devons y passer 2 jours. Nous qui voulions nous poser un peu en montagne, c’est raté !
On décide de quand même profiter un peu de la région alors on monte au lac Kara Suu dans la vallée voisine de Sary Chelek. C’est un lac formé en arrière d’un énorme glissement de terrain. La piste pour y accéder travers des éboulis actifs très impressionnants, il vaut mieux ne pas trainer dans le coin par temps de pluie, ou même ne pas trainer du tout. Les alentours du lac sont magnifiques, très peu fréquentés, on s’y ressource avec grand plaisir avant de redescendre vers Uzgen et Osh dans la plaine de la Fergana.