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Quizz : Quel est le point commun entre le lac Karakol (Tadjikistan), le poignard de Toutankhamon et le savant grec Anaxagore ? la réponse est dans le titre d’une célèbre chanson de J. Higelin…

Tombé du ciel ! Les météorites bien sûr ! C’est dans un ancien cratère de météorite que se niche le lac Karakol, c’est en fer météoritique qu’est fabriqué le poignard de Toutankhamon et c’est à cause de ses théories scientifiques sur l’origine des météorites qu’Anaxagore fut condamné à mort au 5e siècle av. J.-C.

Le lac Karakol vu depuis l’espace

Avec ses 45 km de diamètre et sa localisation à 4000m au-dessus du niveau de mer, la cuvette du lac Karakol est un des plus grands cratères au monde et le plus haut en altitude. Occupée aujourd’hui par un immense lac salé, cette dépression glaciale, aride et ventée est dominée par des sommets à plus de 6900m. En réalité, tous les scientifiques ne s’accordent pas sur l’origine de la formation du lac : cratère d’impact d’astéroïde, dépression liée à la tectonique des plaques ou cuvette creusée par les glaciers… les avis divergent. Les études à venir éclairciront sans aucun doute le mystère de l’origine de ce lac.

Le lac Karakol a été le point d’orgue de nos itinéraires à travers le Pamir. Les paysages autour du lac sont grandioses, majestueux et la région fascinante d’immensité. Aujourd’hui les rives du lac sont quasiment désertes, excepté le petit village de Karakol. Le lac n’est pas très utile aux habitants de cette région désertique : en effet l’eau est trop salée pour que du poisson puisse y vivre. Elle est néanmoins utilisée pour fabriquer des briques de construction en terre crue, le sel cristallisé à l’intérieur de la boue les rendant plus résistantes aux intempéries. Les habitants confèrent au lac des pouvoir de guérison… il faudrait vérifier si cela les protège du Covid !

Vous retrouverez une série d’itinéraires à travers le Pamir et vous en saurez plus sur les formations naturelles, l’archéologie, l’histoire et les modes de vie dans cette région isolée du monde dans notre livre : Kirghizstan – Tadjikistan, les plus beaux itinéraires. Et pour rêver un peu en image en attendant de pouvoir voyager, vous pouvez aussi visionner cette vidéo sur le replay d’Arte : https://www.dailymotion.com/video/xp9n18

Avant l’invention de la métallurgie du fer, le fer météoritique était le seul type de fer que l’on trouvait dans la nature. En effet, bien que le fer soit un des éléments les plus communs à la surface du globe, il n’est presque jamais présent sous forme métallique. On ne le trouve que sous forme de minerai qu’il faut chauffer dans des fourneaux à charbon à 1500°C pour le séparer de l’oxygène, une technique qui n’est connue que depuis 1200 ans av. J.-C. (l’âge du Fer). Pour les époques plus anciennes, on utilisait donc le seul fer disponible sur terre : celui des météorites. Du fait de sa rareté, ce fer était aussi précieux que l’or, voire plus ! Les objets fabriqués avec étaient donc en général destinés à des élites. C’est le cas du poignard de Toutankhamon retrouvé dans sa tombe et daté de 1350 av. J.-C. On sait que ce matériel précieux était déjà utilisé par les hommes depuis longtemps : les fameuses perles de Gerzeh découvertes dans un tombeau au nord de l’Egypte remontent à 3300 av. J.-C. ; des dagues et des pendentifs datés de 3200 av. J.-C. ont été trouvés Anatolie, en Syrie et même en Chine (1300 av. J.-C). Plus récemment, au 18e siècle, lorsque les Européens rencontrent pour la première fois les Inuits au nord du Groenland, ils découvrent que leurs couteaux et leurs harpons sont faits de fer de météorite : logique dans ces régions froides, pauvres en minerai, où le bois et le charbon sont absent rendant impossible l’utilisation de fourneaux.

Les deux dagues trouvées dans la tombe du toi Toutankhamon : celle du haut est en or, celle du bas, beaucoup plus précieuse est en fer météoritique. Elle a été étudiée par spectrométrie de fluorescence aux rayons X, une méthode non destructive qui permet d’analyser sa composition: elle contient du fer associé à un fort pourcentage de nickel et un peu de cobalt, une composition typique des objets extraterrestres.

Les météorites ont de tout temps intrigué et fasciné les peuples. Le premier à avoir compris leur origine est le savant grec Anaxagore au 5e siècle av. J.-C. Alors qu’à l’époque les astres étaient considérés comme des dieux, Anaxagore les décrivait comme des corps célestes en fusion. Selon lui, les météorites étaient des pierres tombées du soleil. Rationaliste éclairé en lutte contre les superstitions, il fut condamné à mort pour impiété, ses théories allant à l’encontre des croyances du moment. Il échappa de justesse à la peine capitale grâce à son ami Périclès et termina sa vie en exil en Asie Mineure.


La météorite d’Ensisheim (Alsace) : Première chute de météorite observée en Europe et consignée dans les textes en 1492. Le peintre et graveur Dürer la représenta dans « Mélancolie ». Le son provoqué par la chute fut entendu à plus de 150 kilomètres, la météorite creusa un cratère de plus de 2 m de diamètre, elle pesait 135kg. Les habitants en prélevèrent des fragments en guise de talisman porte-bonheur. Mais à l’époque on ne comprend pas son origine. L’Église considère ces pierres comme des symboles païens qu’il faut jeter ou détruire et les érudits pensent que ce sont des illusions d’optique rapportées par des paysans superstitieux ou des pierres soulevées par le vent. Il faut attendre le 18ème siècle pour que des théories valables sur l’origine de ces pierres se mettent en place, notamment après la chute de milliers de pierres en 1803 sur la commune de l’Aigle. Ce sera un jeune astronome J.B. Biot qui réunira les preuves et convaincra la communauté scientifique de l’origine extraterrestre de ces pierres.
… et celle là c’est la plus grosse : la météorite (bien sûr) de Hoba en Namibie (2011). Avec ses 60t c’est le plus gros bloc de fer connu sur Terre. Elle serait tombée il y a 80000 ans