On croyait avoir eu notre dose de problèmes, mais pas tout-à-fait. On vous passe les problèmes intérieurs, que l’on qualifiera de mineurs : vase d’expansion de l’eau sanitaire qui a gelé, car on s’en passe très bien, et bouteilles de gaz que l’on n’arrive pas à remplir (merci les valves anti-retour !) : on a acheté à Osh une bouteille de gaz avec brûleur intégré qui nous évite de bricoler des raccords. Ca prend un peu de place mais on en a.
On se trouve donc quelques jours plus tard, en revenant d’Issyk-Kul, on décide de prende une petite route peu utilisée entre Kochkor et Sassamyr qui passe par le col de Karakol, 3485m, plutôt que de prendre la route groudronnée. En arrivant au sommet du col, on se rend compte qu’on est probablement les premiers de l’année à passer : une immense congère bloque toute la largeur de la route, sur environ 50 mètres. Après, la voie est libre jusque de l’autre coté du col. On déteste revenir en arrière mais là… avec notre petite pelle, on en a pour plusieurs jours. On essaie de contourner mais on est bloqué par des ruisseaux boueux qui ont creusés des ravines profondes. On se résigne à revenir sur nos pas.
C’est alors qu’on croise un groupe de 3 voitures russes qui s’arrêtent sans dire bonjour et nous demandent des renseignements sur la suite, en russe incompréhensible. On leur dit que la route est coupée, mais ils s’en foutent et repartent sans rien dire. Pas sympas du tout les Russes, pour une fois. Comme on n’est qu’à quelques kilomètres du col, on décide de les suivre pour observer leur technique. Est-ce qu’ils vont sortir une fraise à neige de leur coffre ?
Arrivés au névé, ils ont la même réaction que nous et cherchent à le contourner par le pâturage en dessous. Et comme nous, ils sont bloqués par les profondes ravines. Entretemps, des cyclistes allemands sont arrivés et passent à pied la neige en portant leur vélo. Cécile est restée sur le col pour observer le manège des voitures en galère pendant que j’accompagne les russkofs dans la recherche d’un passage.
C’est alors qu’arrive une golf remplie de Kirgizes, qui s’engage tranquillement dans le pâturage, sous se prendre la tête, et pendant que j’observe les Russes de viander lamentablement, la petite voiture attaque la pente en direct pour rejoindre la route : les quatre passagers descendent et poussent la voiture en haut de la pente très raide (désolé, pas de photos, mais Cécile était trop occupée à discuter avec un beau moustachu allemand). Un peu vexé, je prend leur suite avec la rampante, effectivement ça monte sans aucun problème. Puis suivent les Russes, encore plus vexés qu’on leur ait montré la route, et qui repartent sans un mot.
On redescend ensuite dans une très belle vallée dominée par les glaciers.
On picnique dans l’herbe verte puis on repart. C’est alors qu’on passe un peu trop vite une ravine et que la voiture décolle et retombe lourdement. On inspecte la voiture, qui en ressort apparemment sans mal. On repart, mais visiblement quelque chose a souffert au niveau de la suspension : ça tape fort chaque fois qu’on passe un trou. On s’arrête, pas hasard juste à coté d’une famille russe qui picnique ici. On refait le tour de la voiture mais sans déceler le problème. Le Russe (sympa, lui) vient voir ce qui se passe et essaie de nous aider, selon la tradition russe. Un second avis est toujours bon à prendre. Il trouve qu’une des roue avant a un peu de jeu, et effectivement c’est pas idéal. Il semble improbable que cela soit la cause du problème, mais dans tous les cas c’est pas idéal. Comme il est à fond surla mécanique, on décide de démonter le moyeu (non sans peine car il me manque une pince à circlip), de vérifier les roulements (intacts) et de reserrer l’écrou qui tient le tout.
On remonte, mais le problème est exactement le même. Finalement, on trouve le problème, qui est juste là devant nos yeux : les lames de ressorts sont déformées d’un coté.
Le Russe se démonte pas et insiste pour qu’on démonte les lames sur place… hem. Je vois pas trop à quoi on pourrait arriver en pleine nature ? Mais bon, on peut au moins essayer. On lève la voiture et comme le cric était posé sur de la terre un peu molle et la voiture lègèrement en pente, le cric commence à ripper… je m’accrocheaux ailes pour la maintenir pendant que le Russe remet vite la roue et trois boulons à la main, avant qu’elle ne retombe heureusement sur la roue et pas sur le moyeu ! Ca commence à sentir le roussi cette histoire. Et de toute façon, on se rend compte que les boulons qui tiennent les lames sont tordus et ils ne vont pas sortir comme ça avec nos pauvres clés. Donc je dis au Russe de laisser tomber (sa femme et ses enfants apprécient, qui commencent à trouver le temps long), et on repart en roulant au pas, en direction du prochain garage.
Juste comme on repartait, notre ami ruskof revient en courant : il n’arrive plus à démarrer, sa batterie est à plat ! On ressort les outils et on examine nos options : on n’a ni l’un ni l’autre de câbles de pontage (pinces), et son 4x4 a une transmission automatique donc on ne peut pas le tracter pour le faire démarrer. On lui propose donc de démonter da batterie et de l’échanger avec une des nôtres (on a deux batteries 12v en parallèle pour le moteur). On démarrera quand même grâce à la batterie pleine et en laissant tourner quelques minutes, on rechargera sa batterie suffisamment pour qu’il puisse démarrer. On fait donc ça et après dix minutes moteur un peu au dessus du ralentis, on remonte sa batterie : il démarre du premier coup et peut repartir.
De notre coté, on a encore pas mal de route sur des pistes mauvaises qui tapent un peu. On y va tranquille mais on n’est pas sereins. Arrivé sur la route goudronnée, on roule jusqu’à un petit atelier au bord de la route. Le gars veut tout démonter mais on lui dit que c’est pas la peine : il est pas équippé et on risque de se retrouver avec une voiture à moitié démontée sur le bord de route. Finalement, il prend une barre à mine et l’utilise comme levier pour à peu près remettre en forme les lames.
Dubitatif, on paie et on repart en direction d’Osh, où on pourra faire uen vraie réparation. Comme ça ne tape plus, on décide de prendre le col de Sussmayr, plutôt que de refaire la route goudronnée interminable qu’on connait déjà et qui fait un large détour. En chemin, Cécile connaîtra un problème technique également : en voulant aller visiter un camion de ruches, elle se fait piquer au front par une abeille. Comme elle est un peu allergique (mais pourquoi aller vers des ruches quand on est allergique ?), elle finit le visage déformé et l’oeil presque fermé, à la manière mongole :
Rassurez-vous, deux jours après elle avait retrouvé ses beaux yeux de biche.
Mais alors, quid de la suspension ? la suite au prochain numéro.